Championnats d’Europe de cross: Magnifiques équipes de France!

Emmenés par Jimmy Gressier, superbe médaillé de bronze, et auteurs d’un magnifique tir groupé avec Hugo Hay (4e), Yann Schrub (6e) et Félix Bour (8e), les seniors français ont été sacrés champions d’Europe par équipes à Dublin. Une première depuis 2011 ! Avec les récompenses collectives du relais mixte (2e) et des espoirs femmes (2e) et hommes (3e), les Tricolores terminent quatrièmes au tableau des médailles avec cinq podiums. Un résultat qui confirme la densité et la belle santé des Bleus dans les labours.

La Perf’

Le copié-collé des seniors hommes 3e, 4e, 6e, 8e en individuel et champions d’Europe par équipes. Dix ans après Velenje (Slovénie), les Bleus ont de nouveau conquis la médaille d’or collective à Dublin. En reproduisant de façon étonnamment similaire le schéma d’un autre grand moment de l’histoire de l’équipe de France de cross : le triomphe de la bande à Driss Maazouzi à Tilburg (Pays-Bas) en 2005. Ce dimanche, dans la capitale irlandaise, c’est Jimmy Gressier qui a guidé les siens vers les sommets en prenant une très belle médaille de bronze individuelle, derrière l’intouchable Jakob Ingebrigtsen, et le tenant du titre Aras Kaya, qui a mené quasi de bout en bout.
Après qu’un groupe de quatre s’est détaché dans le deuxième tour sous l’impulsion du Turc, l’abandon de l’Italien Crippa à deux tours du but à ouvert en grand les portes du podium au crossman de l’AC Boulogne-sur-Mer. « C’est bien de parler de podium ou de victoire avant la course, mais il faut savoir concrétiser, et c’est ce que j’ai fait, savourait-il après coup. Il faut être humble : Jakob est le meilleur coureur du monde à l’heure actuelle, il est clairement un ou deux niveaux au-dessus de moi pour l’instant. Je dois encore passer des étapes pour batailler à ses côtés, mais ça me donne beaucoup d’envie pour la suite. J’aurais peut-être pu aller chercher la deuxième place, j’ai rendu les armes un peu trop tôt, mais j’avais peur d’exploser, donc j’ai joué la sécurité.

Derrière les quatre ténors échappés, les Bleus ont activement participé au train du deuxième groupe, et en ont cueilli les fruits dans l’ultime boucle. En meilleure forme que ce qu’il avait imaginé au vu de sa préparation retardée, Hugo Hay a pris la quatrième place sur la ligne, après n’avoir « pensé qu’à l’équipe tout au long de la course. On a tous fait une super course, et quand on voit les visages à l’arrivée, ça en dit long… », notait le fondeur des Deux-Sèvres. Classés respectivement deux et quatre rangs plus loin, Yann Schrub et Félix Bour ne disaient pas autre chose, et ne se sont pas privés de célébrer le titre dans l’aire d’arrivée. « On a fait un travail monstrueux, avec une super cohésion. On avait vraiment une équipe montée pour la médaille d’or, on aurait été déçus si on avait été deuxièmes… »
Duncan Perrillat, trentième pour sa toute première sélection internationale, et Mehdi Frère, qui a terminé exténué à la 35e place, ont pu monter eux aussi sur le podium, tout en prenant rendez-vous pour les années à venir, avec l’idée de jouer, eux aussi, les premiers rôles.

En l’espace de trente minutes, les moins de 23 ans ont fait tomber deux breloques dans la musette françaises. Premiers en lice, les espoirs hommes se sont fait peur, puisqu’après avoir été trois dans le paquet de tête, Bastien Augusto a connu un gros coup de moins bien lorsque le Britannique Hicks a sérieusement secoué ses concurrents. Heureusement, Florian Le Pallec a réalisé une superbe fin de course pour venir prendre la 19e place, et classer les siens à la troisième place par équipes, avec le concours d’Antoine Sénard et Valentin Gondouin, respectivement septième et dixième en individuel. « On avait un peu de pression en passant après la génération dorée qui a gagné trois fois de suite, et on avait à cœur de montrer que nous aussi, on pouvait faire quelque chose », remettait Antoine Sénard, qui a fait preuve de maturité dans une course pleine de mouvement et de rebondissements, remportée par le Britannique Charles Hicks.

Dans la foulée, leurs homologues féminines se sont mises au diapason, et ont même gagné un rang puisqu’elles ont touché de l’argent dans les champs verdoyants de l’Irlande. Manon Trapp y est pour beaucoup, sa quatrième place ayant donné le ton à ses camarades. On a d’ailleurs rarement vu un tel sourire sur le visage d’une athlète à la fin d’une course achevée avec une médaille en chocolat autour du cou. Qui plus est après avoir mené les débats pendant une bonne partie du dernier tour. « Je n’ai aucun regret », clamait la championne de France. Deux raisons à cela : d’abord, elle se savait moins rapide que les autres à l’emballage et s’attendait donc à ce que ses adversaires rentrent sur elle après avoir placé une attaque tranchante à la cloche. « Je les sentais venir. Ça n’est pas grave, car je sens que j’ai progressé, et cette quatrième place le prouve. Et de toutes façons, on était venues là avant tout pour la médaille par équipes, et c’est super cool de finir deuxièmes ! » Margaux Sieracki, qui s’est accrochée courageusement juste derrière le paquet des leaders pendant les deux tiers de la course, a finalement pris la huitième place, et Aude Clavier, qui n’est « pas très à l’aise sur des circuits aussi exigeants » a trouvé la clef après un premier tour compliqué pour se faufiler jusqu’à la treizième place. Flavie Renouard (18e) et Melody Julien (20e) ont, elles aussi, intégré le top 20 d’une course dominée par l’Italienne Nadia Battocletti.

Azeddine Habz n’avait aucun doute en regardant l’écran géant, disposé dans la dernière ligne droite, quant à l’issue de la bataille que menait Alexis Miellet dans le dernier segment du relais mixte. « C’est sûr, je le connais », répéta-t-il à ses coéquipières Aurore Fleury et Alexa Lemitre qui se trituraient les doigts fiévreusement, visiblement un peu moins sereines. Au final, le miler de Val d’Europe a eu raison, puisque comme aux France à Montauban (lors du cross court), Miellet a torpillé ses concurrents dans les cent derniers mètres pour prendre la médaille d’argent, derrière d’intouchables Britanniques.
L’histoire retiendra également qu’outre le finish dévastateur du Dijonnais, qui avait dû faire un effort appuyé dans le premier tiers de ses 1500 m pour reprendre les Belges et les Irlandais, le relais bleu a pu compter sur un Habz de gala lors de la deuxième boucle, pour remonter une demi-douzaine de concurrents, en signant le meilleur temps au tour de la journée.

Dans la première course de la journée, Edouard Morin-Luzuy a montré qu’il faudrait compter avec lui à l’avenir, en prenant une belle septième place chez les juniors. Placé en dernière ligne au départ, l’étudiant aux Etats-Unis est remonté patiemment, finissant tel un boulet de canon, pour reprendre tous ceux qui avaient commis l’erreur de croire qu’ils pouvaient suivre le rythme du Danois Axel Christensen, largement au-dessus du lot. Jules Robin (17e) et Luc Le Baron (23e) ont tenté de limiter les dégâts en deuxième rideau, pour une cinquième place collective.
Chez les jeunes femmes, Laure Bertrand, elle aussi venue des Etats-Unis, a confirmé qu’elle était la meilleure Française du moment, malgré la fatigue du déplacement deux jours plus tôt. Partie plus rapidement qu’à son habitude, elle a « pris des risques pour tenter de trouver ses limites », qui se sont avérés payants, puisque sa douzième place à l’arrivée la comblait de bonheur. Camille Place a pris la dix-huitième place, à bonne distance de la lauréate anglaise Megan Keith, quelques rangs devant les cadettes Margot Dajoux (26e) et Jade Le Corre (27e), arrivées main dans la main.
Enfin, Mekdes Woldu a terminé 22e et première Française chez les seniors femmes, malgré « une mauvaise journée », ce qui n’a pas suffi à gâcher son plaisir de revêtir pour la première fois de sa vie le maillot bleu-blanc-rouge. Méline Rollin s’est classée 25e et Mathilde Sénéchal 29e, alors que la victoire est revenue à la Norvégienne Karoline Grovdal.

Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : © Jean-Marie Hervio / KMSP / FFA

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